L’art du réconfort

Dans le dernier numéro de « Happinez », il y a un article consacré à « L’art du réconfort » et ils donnent quatre manières possibles d’être présent pour l’autre : s’adapter à ses besoins ; proposer son aide ; de la place pour le chagrin et enfin la sécurité de l’immuable. C’est un article qui m’a fait réfléchir au comportement que je vois souvent se répéter autour de moi. On n’a plus le droit d’être triste, enfin si, mais il ne faut surtout pas le manifester. Il faut constamment montrer à son entourage réel ou virtuel (sur Facebook par exemple), que l’on va bien et surtout ne pas se plaindre. Il faut toujours montrer le meilleur de nous même. Pourtant, selon moi, la douleur psychologique et la douleur physique c’est pareil, nous ne sommes pas tous égaux face à la douleur. Il pourrait aussi y avoir une échelle du ressenti psychologique qui va de 1 à 10, exactement comme pour la douleur physique. Alors pourquoi de telles réactions autour de moi ? Serais-je trop « gentille  » ?  Est ce qu’avoir de l’empathie et de la compassion pour les autres fait de moi une cruche ? Parfois, c’est ce que je ressens, souvent même. Je n’ai pas beaucoup d’amies proches, de celles à qui on peut tout dire, car on ne sera pas jugée. Je n’en ai que deux à vrai dire. Et je pense qu’elles savent aussi qu’elles peuvent se confier à moi et que je ne serai pas de celles qui dira « remue toi, ce n’est rien, tu dois surpasser ça etc etc etc … » Et alors pour le reste du monde (réel et virtuel), on doit jouer un rôle ? Je me pose la question, alors que je connais déjà la réponse. J’ai pu donner une image de moi complètement négative et fausse car épuisée par mes deux garçons (Zébulon est particulièrement pénible, numéro deux donc), n’ayant pas vraiment d’interaction avec le monde extérieur car en congé parental (mon seul contact avec un adulte se résume souvent à ma gardienne dans la journée) et donc je me suis beaucoup plainte sur FB, mais c’était certainement un appel au secours plus qu’autre chose. Aujourd’hui, je pense avoir changé, j’essaie d’avoir des occupations, de sortir un peu plus, avoir de nouveau un blog est très motivant, mais je ne supporte pas pour autant cette façon de rembarrer les gens et de prendre la détresse psychologique à la légère. Alors je continuerai à écouter sans porter de jugement, en essayant de laisser de la place au chagrin et tant pis si je donne une mauvaise image de moi.

9 réflexions sur “L’art du réconfort

  1. Je suis d’accord avec ton analyse, il y a une certaine « obligation » à être heureux. Après, à titre personnel, j’évite de trop me plaindre sur FB ou les réseaux sociaux (même si parfois, je lâche la soupape sur mon blog) parce que j’estime que les gens ne sont pas là pour ça : du lol, des chatons et des infos, oui ; de vrais sentiments, non, pas trop.
    Outre les quelques bonnes amies auxquelles je peux me confier (mais c’est parfois un lourd aveu d’échec, et j’ai du mal à sauter le pas), heureusement qu’il y a mon psy.

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    • Quand mon papa est tombé malade en 2007, j’ai vu un psy. Il m’a accompagnée toute l’année où mon père était malade, puis quand il est décédé, il m’a aidée à surpasser la fausse couche et quand j’ai accouché en janvier 2010, il m’a dit que son boulot était fait et que je n’avais plus besoin de lui … Peut être que je devrais le revoir, je n’en sais rien. Et oui mon blog me servira certainement à lâcher la soupape, la preuve … 🙂

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      • En fait, je fais une analyse depuis bientôt 10 ans (il faut que je fasse un billet à ce sujet, d’ailleurs), donc c’est un peu différent d’une thérapie ponctuelle. Parfois on avance, parfois on pédale dans la choucroute…
        Pour ce qui est de s’exprimer sur FB (au hasard, sur les soucis de santé de la Crevette), je préfère éviter parce que 1/ça ne me touche pas directement et 2/une certaine pudeur me retient (en même temps, j’ai plus de 300 contacts), mais je comprends que certains aient besoin de relâcher la pression sur ce support.

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  2. FB est devenu un endroit de « lol, chatons et infos » et je le regrette. J’aimais quand mes amis parlaient d’eux-mêmes, de leurs chagrins comme de leurs bonheurs.
    Je fais partie de celles qu’on a maintes fois accusées de râler tout le temps et c’est vrai que je n’ose plus trop le faire, même sur mon blog (enfin beaucoup moins). Or si je râle c’est souvent parce que j’ai besoin de contact, de parler, de trouver des solutions en discutant avec d’autres personnes… C’est humain, non ? Quant au bonheur obligatoire, qu’est-ce que ça m’énerve !

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    • Oui je crois que lorsqu’on râle ou qu’on exprime son chagrin, c’est un appel au secours … Je ne sais pas pourquoi on doit s’obliger à être heureux en permanence … Ca va avec la société dans laquelle nous vivons je pense …

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  3. S’arrêter un moment sur le négatif est parfois plus productif que de se concentrer sur nos bonheurs quotidiens. Certaines situations doivent être changées et pas relativisées. Aussi, certaines peines doivent être pansées avant d’être dépassées, parce que c’est producteur de sens, peu importe le type de peine (chacun sa peine productrice de sens dans son propre parcours). Donc j’essaye de ne pas juger, me disant que la peine est une étape obligatoire, avant autre chose.
    Je parle du négatif sur mon blog lorsque je pense que ma réflexion peut servir et quand ne pas consigner le négatif crée un trop gros trou dans le récit de ma vie que je me relirais parfois bien plus tard. Mais le blog reflète l’équilibre que j’essaye de pratiquer dans ma vie, entre peines bien abordées et bonheurs même petits toujours repérés. Ni divertissement ni bonheur entêté. Et tant pis 🙂 Du moment que c’est fructueux, positif ou négatif, ça a sa place.
    (Jamais lu Happinez, je testerais bien 🙂 )

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  4. Je te remercie pour ton commentaire, tu sais toujours si bien répondre ! Je me disais aussi que lorsqu’on se sent noyé, on a besoin d’une main pour nous sortir de là, pas qu’on nous appuie sur la tête … Et c’est vraiment ce que je ressens de plus en plus autour de moi. Tendre une main, c’est parfois juste être présent, on n’a pas forcément de solution à apporter … (Happinez c’est pas de la grande littérature mais moi j’aime bien le lire, c’est reposant).

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  5. C’est vrai que c’est énervant, les gens qui s’affichent perpétuellement heureux, ça sonne un peu faux. Pour autant, même si j’avais Facebook, ce n’est pas là que j’irais me plaindre, parce que je ne voudrais pas imposer mes malheurs au monde (malheurs qu’il faut de toute façon relativiser quand on est face au monde).
    Mais sur un blog, oui, ça a sa place à mon sens. Libre ensuite aux lecteurs de s’attarder ou pas sur le billet en question. Et à ceux qui ne veulent que des arcs-en-ciel d’aller voir ailleurs.

    En parlant de détresse, la BD Chute libre de Mademoiselle Caroline m’a ouvert les yeux sur plein de choses.

    Enfin, deux amies proches, c’est une bonne moyenne il me semble 😉 Perso, je n’en ai pas à qui me confier de tout et n’importe quoi (attention, ce n’est pas du tout une plainte !! :)), même si ça peut me manquer parfois.

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    • Pour le coup de relativiser ses malheurs, justement je crois qu’on n’est pas forcément capable de relativiser et que dans des moments pareils, on se regarde le nombril et on ne pense pas aux autres. Pour les deux amies proches, je ne sais pas. Mon cercle d’amies est du coup très restreint, je n’ai jamais eu de groupe de copines pour sortir boire un verre ou un ciné ou du shopping, et j’avoue que ça me manque un peu.

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